Histoire & Patrimoine

HISTOIRE DE SAINTE-VALIERE

Les origines du village

Les recherches archéologiques menées sur la commune ont permis d’identifier au moins une ferme gauloise du II^ème s. av. J.-C. et une villa viticole gallo-romaine. Durant le Haut Moyen-Âge, il est probable que plusieurs manses (domaines agricoles) occupaient le territoire. L’une d’elles, située sur le point le plus haut, aurait ensuite évolué en village au cours du XII^ème siècle. A l’instar de nombreuses communautés médiévales méridionales, les habitants se regroupent autour d’un château et/ou d’une église (phénomène d’incastellamento).

La première mention du village apparaît en 1244. A cette époque, « Sancta Valeria » appartient aux fiefs d’Olivier de Termes (chevalier issu d’une riche famille seigneuriale convertie au catharisme). En 1245, Olivier de Termes qui a rallié l’Eglise catholique et souhaite rejoindre la 7^ème croisade, vend le château de Sainte-Valière et ses dépendances à l’abbaye cistercienne de Fontfroide.

L’existence du château est attestée en 1257 (castrum Sancte Valie). Le village restera sous la dépendance de l’abbaye de Fontfroide jusqu’en 1683, époque à laquelle il est racheté par Pierre Bousquat, baille du village

Sancta Valeria au Moyen-Âge

Le village, de forme circulaire, est protégé à la fois par la ceinture de maisons jointives et par des sections de muraille. Trois tours auraient renforcé cette fortification. Elle n’était probablement percée que de deux portes, au nord (rue du Docteur Cayla) et à l’ouest (rue du Portanel). Au-delà, le fossé communal achevait le système défensif.

Le château se trouvait au centre, face à l’église. De plan quadrangulaire, il était sans doute doté d’une tour à chaque angle. Aujourd’hui seule la tour circulaire de l’angle nord-ouest et la tour carrée de l’angle sud-est sont conservées. Des vestiges de l’organisation interne (baies, portes, cheminées) sont encore visibles dans certaines maisons.

Le cimetière se trouvait contre le flanc sud de l’église. A la fin du XIV^ème siècle, le seigneur cède le château aux habitants (ou au moins une partie) pour le transformer en fort afin de les protéger en cas d’attaque. Les archives de l’abbaye de Fontfroide indiquent, dès 1537, qu’une demeure remarquable est surnommée « le château ». Il s’agit probablement de la maison dite « Maison Cailhol » qui se trouve au sud de la place. Elle est encore nommée « le château » au début du XX^ème siècle. Cette demeure seigneuriale possédait des écuries dans la cour, accessibles depuis un vaste tunnel vouté percé à travers la muraille du côté de l’actuelle rue de la salle des fêtes. Elle a sans doute été transformée en relais de poste, voire en auberge, au cours du Bas Moyen-Âge.

L’église, dédiée à Sainte Valérie de Limoges, a été édifiée entre la fin du XI^ème et le début du XII^ème siècle. Bien que maintes fois remaniée, elle présente un plan caractéristique du premier art roman, avec une abside semi-circulaire percée de trois fenêtres en plein cintre ébrasées et une travée de chœur qui abritait l’autel. La nef est unique et organisée en trois travées.

Le chevet est la seule partie conservée de l’édifice roman. Il présente un décor mural caractéristique, dit « à bandes lombardes ».

Du bas Moyen-âge à la Révolution

Dès la fin du Moyen-Âge, le fossé communal est investit par des maisons, des dépendances et des jardins potagers. Le château, sans doute progressivement désaffecté, est morcellé en plusieurs maisons. C’est lors de la création de la rue du Fort que la porte donnant sur la place principale est percée.

En 1667, le cimetière est déplacé hors les murs (à l’entrée de la route de Ginestas). C’est sans doute à cette occasion que la troisième porte du village est aménagée (rue de la Place) et que des maisons sont édifiées sur les flancs nord et sud de l’église (deux d’entre elles sont datées respectivement de 1681 et 1689).

En 1793, le village prend le nom révolutionnaire de « Mont-Floréal ».

De la Belle époque à nos jours

A la fin du XIX^ème siècle le village se modernise. De nombreuses façades sont rénovées, des commerces prospèrent (épiceries, boucheries, cafés et même un restaurant) et les villageois trouvent de multiples occasions pour se réunir (fêtes locales, foires et plus tard les premières séances de cinéma et spectacles dans l’ancienne salle des fêtes).

La rue de la Mairie est percée en 1874. A la même période, le docteur Simon Cayla édifie une vaste maison de maitre pourvue de deux étages et disposant de nombreuses fenêtres ouvertes sur la place de l’Acacia. Son fils Paul Emile, médecin généraliste puis chirurgien, se spécialise dans l’histoire locale, du Moyen-Âge au XVIIIème siècle. Parmi ses ouvrages, le « Dictionnaire des institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à 1648 » reste une référence pour les historiens et les linguistes. Aujourd’hui la « Maison Cayla » est devenue « Hôtel Sainte-Valière », une résidence d’artistes, un lieu de production créative et d’échanges culturels qui propose, à la belle saison, des concerts et des évènements artistiques.

En 1938, les cultivateurs vignerons édifient leur cave coopérative. Cette structure solidaire a pour but d’améliorer la qualité et l’unité des vins du territoire de la commune par la mise en commun du matériel de vinification, et d’assurer une introduction directe des productions sur le marché en s’affranchissant des négociants. La cave coopérative des « 13 vents » fonctionnera jusqu’en 2010.

Depuis 2020, le bâtiment est en cours de transformation en tiers-lieu pour soutenir l’emploi et l’entreprenariat en ruralité : le projet « 13Vents » vise à accueillir une vingtaine d’entreprises écoresponsables du territoire du Minervois. Il offre également des espaces d’ateliers pour des artistes.